L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors (MMC) affiche généralement des résultats financiers médiocres ! Nissan, dont Renault détient 43,4 % du capital, a certes renoué avec les bénéfices sur son exercice annuel 2021-2022 (1euh avril-31 mars). Tout comme MMC et Renault. Pourtant, le bénéfice net de Nissan (1,6 milliard d’euros) reste treize fois inférieur à celui de son compatriote Toyota, qui vend 2,7 fois plus de véhicules. C’est neuf fois moins que Stellantis, qui vend 1,7 fois plus d’unités par an ! Médiocre, le bénéfice net de Nissan est tout de même le double de celui de son actionnaire Renault, qui vend un million de véhicules en moins. Mitsubishi Motors (MMC), dont Nissan détient 34% du capital, a enregistré un bénéfice net de 550 millions d’euros en 2021-2022.
L’Alliance à la traîne dans le monde
Or, ce qui compte dans un comparatif, ce n’est pas le résultat net, mais la marge opérationnelle ! Nissan s’y retrouve également dans le bas du tableau des marques généralistes, avec une marge de 2,9 % l’an dernier. C’est moins que la marque Volkswagen (3,3%). Renault fait un peu mieux (3,6%). Le champion de l’Alliance franco-japonaise est désormais MMC (4,3%). Les trois labels de l’Alliance font cependant moins bien que Honda (6%) ou la marque Skoda (groupe Volkswagen, 6,1%). Le groupe Volkswagen dans son ensemble a atteint 7 % en 2021, grâce à ses filiales haut de gamme, Toyota 9,5 %, Stellantis 11,8 %, Ford 13,2 %.
L’Alliance Renault-Nissan-MMC est, globalement, l’ensemble avec les résultats les plus faibles parmi les groupes automobiles mondiaux. Nissan est notamment très loin de ses scores passés : marge de 6,5 % en 2015, 9,2 % en 2005. Renault, en revanche, se retrouve dans la moyenne de ses résultats de marge opérationnelle sur longue période. Ce qui reste fondamentalement inquiétant !
Potentiel important pour Nissan
Pourtant, Nissan dispose d’un potentiel de croissance important, puisqu’il est très fort en Chine, qui réalise 35 % de ses ventes annuelles, et en Amérique du Nord (30 % de ses volumes). Pourtant, les marges des constructeurs sont généralement élevées dans ces deux domaines, plutôt friands de moyens ou gros véhicules. Nissan vend également 11 % de ses véhicules au Japon, un marché tout aussi rémunérateur puisqu’il est quasiment fermé à la concurrence étrangère.
Renault, en revanche, se retrouve essentiellement focalisé sur le marché européen extrêmement concurrentiel. L’Europe absorbe 53% de ses ventes ! La firme est absente d’Amérique du Nord et de Chine, après le fiasco de sa tentative avec l’aide de Nissan ! Renault est certes présent en Amérique latine (10 % de ses ventes), mais c’est un marché très fluctuant et peu rentable à moyen terme en raison de ses récessions aussi profondes que régulières. L’Afrique-Moyen-Orient (5,5 % des ventes) n’est pas non plus très dynamique, les ventes de Renault étant centrées sur les marchés « pauvres » du Maghreb.
Renault mise sur les voitures low-cost
Renault occupe une position forte en Russie (18 % de ses volumes). Ce marché a longtemps été plombé par le très lourd redressement du constructeur russe Avtovaz, le numéro un local contrôlé par les Français. En 2016, la marge opérationnelle du constructeur Lada était négative (-9%). Mais celui-ci est devenu positif en 2017 (2%), grimpant à 8,6% l’an dernier. Face à l’agression russe en Ukraine et sous la pression politique du gouvernement français, Renault est cependant actuellement contraint de négocier… son désengagement. Renault se retrouve donc privé d’un véritable moteur de croissance régionale. C’est une énorme faiblesse pour la rentabilité.
Par ailleurs, Renault mise sur les modèles low-cost, qui représentent plus de 45 % de ses ventes. Énorme. Le Dacia Sandero à petit prix a même été champion du groupe Renault en 2021, avec 297 600 unités vendues (dont 71 000 exemplaires vendus sous la marque Renault hors Europe). La citadine devance le SUV Dacia Duster (289 000 unités vendues en 2021, dont 106 300 véhicules sous la marque Renault hors Vieux Continent). La Clio, une vraie Renault, n’est que troisième (255 000). Elle était première l’année précédente (320 500). Certes, Luca De Meo, directeur général de Renault, prétend réaliser des marges à deux chiffres sur la Dacia ! Mais ce pourcentage porte sur des montants forcément faibles ! Renault a un problème structurel de rentabilité, dont Luca De Meo est parfaitement conscient !